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RUNAWAY HORSES

solo-show - 19.10.24 - 29.12.24, Centre d'Art Bouvet-Ladubay, Saumur - FR

curation by Emmanuel Morin

text by Yaël Chardet

(photos Christophe Gagneux)

FR

Runaway Horses se construit comme un recueil de dessins à l’encre de chine. Pour ses petits formats, Tristan Chinal-Dargent récupère des chutes de carton-bois et s’adapte à leurs dimensions. Avec une rapidité d’exécution liée à son médium, il capte ses motifs en quelques traits, allant à l’essentiel avant que l’encre ne sèche. Partant de cette double contrainte technique, il ouvre un espace de créativité au cœur duquel il présente le cheval, sans prétention de le comprendre ou de l’analyser.

Dans sa volonté de laisser sa liberté à l’animal, il garde d’abord ses distances, évitant même souvent le contact visuel. Il avance dans le noir, tâtonnant pour l’approcher sans franchir la barrière qui sépare leurs deux mondes. Le cheval est effleuré par le pinceau, esquissé, avec humilité, et un respect qui passe aussi par le cadrage. Les images se succèdent au mur comme les plans d’un film, dirigent l’attention sur les sabots, l’ombre étalée sur le sol, suggérant le sujet et l’action plus qu’elles ne les montrent.

Libéré de la charge du regard, le cheval l’est aussi du poids symbolique dont il est affublé de l’iconographie médiévale à la culture populaire, monture accessoirisée dans des démonstrations de prestige, puissance, au service de la valorisation d’un cavalier. L’artiste s’affranchit de ces représentations et de leurs codes, opérant sa propre émancipation en même temps que celle de l’animal.

Comme en miroir de ces dessins, apparaissent des vues du personnage joué par Marilyn Monroe dans The Misfits. Traitées avec la même intensité, elles donnent un pendant humain à l’axe de réflexion déployé sur les murs, quelques éléments de réponse supplémentaires à la question de la captivité des êtres et de l’instinct qui les pousse à désirer la liberté et la révolte.

Yaël Chardet - octobre 2024

EN

Runaway Horses unfolds like a collection of ink drawings. For his small-format works, Tristan Chinal-Dargent repurposes scraps of wood-cardboard, adapting to their dimensions. With a swift execution facilitated by his medium, he captures his subjects in a few strokes, distilling the essence before the ink dries. This dual technical constraint opens a creative space where he presents the horse, without any pretension to understand or analyze it.

In his desire to allow the animal its freedom, he maintains his distance, often avoiding eye contact. Moving through darkness, he feels his way, approaching without crossing the boundary between their two worlds. The horse is grazed by the brush, sketched humbly, with a respect conveyed through framing. The images line the wall like frames in a film, directing attention to the hooves, the shadow spread across the ground, suggesting the subject and action rather than explicitly displaying them.

Freed from the burden of the gaze, the horse is also liberated from the symbolic weight assigned to it from medieval iconography to popular culture as an accessorized mount in displays of prestige and power, in service to the rider's glory. The artist breaks away from these representations and their codes, achieving his own emancipation as well as that of the animal.

Mirroring these drawings appear views of the character portrayed by Marilyn Monroe in The Misfits. Treated with the same intensity, they offer a human counterpart to the axis of reflection displayed on the walls, adding elements that respond to the question of captivity and the instinct driving beings to desire freedom and revolt.

 

Yaël Chardet - October 2024

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